La Paris Fashion Week Féminine Automne-Hiver 2018-19

By on 31/05/2018

Beaucoup moins spectaculaire que Milan en matière de shows, La Paris Fashion Week se positionne comme la semaine de la mode qui privilégie la création, en offrant une grande place aux jeunes labels, tout en permettant à de nombreuses marques étrangères de défiler aux côtés des géants du luxe français.

 

Avec un calendrier officiel de 98 défilés sur 9 jours, la semaine a été riche en propositions stylistes, en nouveautés et en nouvelles, à l’image de Jacquemus, qui ouvre désormais le bal des shows et qui a profité de l’occasion pour annoncer son arrivée au planning des collections masculines dès la saison prochaine.

Simon_porte_jacquemus

Marine Serre, 26 ans, a fait ses débuts sur les podiums avec son premier défilé au calendrier officiel avec des propositions à mi-chemin entre tailoring et sportswear, dans des matières techniques. Dans une période où l’upcycling est à la mode, elle invente une deuxième vie à des foulards retravaillés en robes. En clin d’œil à son vestiaire réalisé pour sa fin d’études, elle revisite les combinaisons moulantes intégrales et le motif croissant, devenu un logo. Lauréate du LVMH Prize 2017, la jeune créatrice est issue de l’école belge de la Cambre, elle a débuté comme stagiaire chez On Aura Tout Vu,  Alexander McQueen avant de travailler auprès de Demna Gvasalia chez Balenciaga.

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Le duo Victoria/Tomas confirme sa présence parmi les nouveaux labels du prêt-à-porter avec son deuxième défilé, au second jour du calendrier. Toujours très moderne, le style est à destination de filles urbaines, qui aiment la mode en portant des tenues différentes affirmant leur personnalité.

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Anaïs Mak, déjà présente au calendrier off sous la marque Jouden, a fait son entrée au calendrier officiel, seule aux commandes de sa marque, nouvellement baptisée Anaïs Jourden. Elle continue d’explorer un style qui mixe les techniques artisanales et industrielles pour créer des collections résolument modernes dans l’air du temps. Toujours très imprégnée de sa culture hongkongaise, elle revisite cette saison les codes vestimentaires de la bourgeoisie, en injectant aux silhouettes une dose de romantisme sombre en jouant sur les codes du sexy chic, du détournement des coupes masculines dans des matières ultras féminines.

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Beautiful People du japonais Hidenoti Kumakiri, défile depuis dix ans à Tokyo. Reconnu au Japon ainsi que très largement commercialisé en Corée et aux États-Unis, le label souhaite s’implanter en Europe en défilant à Paris, depuis deux saisons. Distribuée par Tomorrow London, la marque s’impose de plus en plus et sa présence au calendrier officiel annonce un réel tournant dans son développement.

Les silhouettes sont longilignes avec des longueurs maxi recouvrant largement les pieds en balayant le sol. On y retrouve beaucoup de superpositions, signe distinctif de la marque. Beaucoup plus commerciale qu’à son habitude, la collection propose cependant de très jolis modèles intemporels à adopter pour l’automne-hiver.

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Très attendu cette semaine, le show Poiret sous la direction de Yiqing Yin, n’a pas déçu. La jeune couturière franco-chinoise s’est plongée dans l’histoire de la maison afin de revisiter l’image de ce nom emblématique de la mode française, tout en y additionnant sa vision délicate de la couture.

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Parmi les incontournables on retrouve Elie Saab et son prêt-à-porter de luxe à destination d’une femme élégante, moderne, active à la recherche de tenues pour les différents moments de sa vie. Si le couturier consacre sa haute couture au soir, il semble avoir tout compris avec cette ligne dans laquelle on retrouve toutes les tendances actuelles.

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Si Emanuel Ungaro n’a pas défilé cette saison, Marco Calagrossi a cependant imaginé une mini collection en hommage au créateur de la marque, avec les célèbres pois, les rayures, les fleurs dans des coupes près du corps mettant les formes en valeurs par des jeux de plissés. Pour accompagner ces tenues hyper sexy, une nouvelle ligne de souliers, pensée par le designer et réalisée par Malone Souliers sera disponible en même temps que la collection.

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Issey Miyake est un style de vie plutôt qu’une simple marque de mode. Le directeur artistique, Yoshiyuki Miramae, continue d’écrire l’histoire de la maison sous l’œil attentif du maître. Il s’intéresse aux frimas de l’hiver avec des looks confortables et enveloppants, dans des matières douces à l’image de sa maille blanche faisant penser à de la fourrure. Véritable laboratoire, la marque continue l’exploration de nouvelles techniques en imaginant pour ce dernier opus un nouveau plissé intégrant deux textures, dans lesquelles des fils de laine tissés dans une base Stream Stretch créent une maille d’un nouveau genre combinant légèreté, confort et facilité d’entretien.

Issey_miyake_PaP_AH_2018-19_©_Frederic_Dumoulin

Lacoste puisant sa source dans le sport, le nom est devenu aujourd’hui une référence dans le prêt-à-porter sportswear. Felipe Olivera Baptista a su amener la marque parmi les indispensables du dressing de la nouvelle génération, tout en conservant sa connotation haut de gamme, rassemblant ainsi toutes les générations.

Pour ses 85 ans, il était important pour le designer de puiser dans l’héritage, afin de dévoiler une facette moins connue au travers du Golf de Chantaco. En effet, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, René Lacoste et sa femme, Simone Thion de la Chaume, développent un vaste plan d’arborisation du parcours de golf de Chantaco, à Saint-Jean-de-Luz, autour du fief familial. À cette époque, les ouvriers de la région échappent au travail obligatoire en Allemagne, grâce à la famille Lacoste, qui les engage pour planter les arbres, la loi protégeant les ouvriers forestiers de ces réquisitions forcées. Cette histoire est donc le point de départ de la collection avec des motifs forestiers et des couleurs automnales. Une nouvelle collaboration a également été révélée étant disponible dès maintenant sur le Lacoste.com. Il s’agit d’un partenariat avec l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) avec 10 nouveaux polos où le crocodile cède sa place à 10 animaux en voie d’extinction.

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De saison en saison, Léonard Paris semble plonger dans un bain de jouvence grâce au coup de crayon de Christine Phung, qui modernise petit à petit le vestiaire de la maison aux imprimés fleuris et colorés. Saison hivernale oblige, la styliste invite à un voyage en Islande dans un vestiaire sportif aux couleurs vives où les fleurs ont toujours leur place, mais de façon plus discrète. En effet, un travail sur l’abstrait a été entamé depuis la saison dernière apportant ainsi une modernité aux imprimés.

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Junko Shimada invite également à un voyage, mais, beaucoup plus chaud, puisqu’elle nous emmène vers l’Afrique avec ses imprimés aux couleurs chatoyantes. Avec cette collection, la créatrice souhaite faire oublier la grisaille hivernale dans des matières confortables et chaudes. Elle propose également quelques silhouettes hommes, dans la pure tradition de la mode ethnique.

Junko_Shimada_PaP_femme_AH_2018-19_©_Zentaro_Lefort

Junko_Shimada_PaP_Homme_AH_2018-19_©_ Zentaro_Lefort

Direction l’Asie pour Manish Arora, qui mixe ses racines indiennes à celles du Japon pour des looks colorés, fantaisistes et raffinés. Véritable œuvre d’art, chaque tenue comporte une multitude d’informations racontant des histoires directement issues de son imaginaire débridé.

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Si le défilé de Pascal Millet a été annulé au dernier moment, sa collection n’en est pas moins une véritable ode à la femme. Couturier amoureux de la mode et de l’élégance féminine, il continue son travail d’orfèvre, pour imaginer le dressing idéal de sa clientèle internationale amoureuse des beaux vêtements. On aime particulièrement son travail sur la dentelle, les jeux de transparences, tout en raffinement, et ses robes courtes portées avec des cuissardes pour une silhouette longiligne.

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Thom Browne, qui a commencé par s’imposer en France, avec ses défilés hommes a réussi à devenir, en deux saisons, le défilé à ne pas rater de la Paris Fashion Week. Si certaines maisons se font remarquer par leurs mises en scène et d’autres par leurs collections, le couturier américain, lui allie les deux, avec une aisance incomparable.

THOM BROWNE PARIS FASHION WEEK FW18 04/03/2018

Il a donné rendez-vous dans la salle de réception de l’Hôtel de Ville, pour un show aux accents haute couture avec un prêt-à-porter très créatif, dont on imagine impérativement une déclinaison commerciale pour les boutiques. En clin d’œil à sa signature en mode masculine, il donne la première place à la flanelle et s’amuse à la twister avec d’autres matières plus souples, la brode, la superpose en mille feuilles pour des looks rétro rappelant les Années folles et le New Look.

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Y/Project, qui aussi s’est d’abord fait connaître par son prêt-à-porter masculin, est devenu un acteur incontournable de la semaine féminine. Très attendu par la presse, les collections de Glenn Martens font partie des rares à apporter quelque chose de nouveau, dans un secteur où de plus en plus de marques s’inspirent les unes des autres pour rester dans l’air du temps. Ici pas de copies, le designer travaille sur une évolution constante du vêtement, en apportant de nouvelles propositions. Si le sportswear reste l’inspiration de base pour imaginer un vestiaire urbain, il s’enrichit de tenues urbaines plus traditionnelles, revues et corrigées par le designer. Le soir fait également une arrivée fort remarquée avec des robes ou des ensembles radicalement plus modernes que dans les autres défilés.

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Frédéric Blanc

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

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