Temps Forts de la Paris Fashion Week Masculine Automne-Hiver 2017-18

By on 10/02/2017

Cinq jours, 51 défilés officiels et autant de présentations sur rendez-vous : la Paris Fashion Week Masculine a démontré une fois de plus son importance dans le monde de la mode. Même s’il est impossible de tout voir avec au minimum entre 10 et 15 rendez-vous par jour, Fashion-Spider vous livre ses coups de cœur et les événements marquants de cette semaine.

 

Après seulement 4 présentations parisiennes, Icosae a fait ses premiers pas en tant que membre officiel à défiler au calendrier de la fédération. Immédiatement repérée par des acheteurs internationaux pour les concept-Stores ODD à New-York, D-mop ou encore ceux d’Harvey Nichols à Hong Kong, Barneys au Japon et Neiman Marcus à New-York (les français étant comme d’habitude trop frileux pour prendre le moindre risque !), la marque a pu rencontrer son public et ainsi pouvoir se développer grâce aux ventes.

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A la tête de la création, deux frères, Valentin et Florentin respectivement de 21 et 22 ans qui revisitent les classiques du vestiaire de l’homme moderne. Entre tailoring inculqué par leur grand-père, tailleur en Bretagne dont ils ont gardé la signature en diagonale dans le dos et une mode hyper portable dans laquelle ils aiment déstructurer le vêtement pour le rendre contemporain. Des détails, comme des zips, des finitions galvanisées, des patchs, viennent apporter la touche finale. Une première collaboration avec Dr.Martens leur a permis de présenter des chaussures en adéquation avec leur style.

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Invariablement Walter Van Beirendonck fait partie des défilés les plus remarqués. Sa collection est beaucoup plus portable que d’habitude, sans pour autant abandonner la fantaisie et les coupes impeccables. Intitulée « Zwart », le créateur Belge souhaite chasser les fantômes de l’hiver avec sa bonne humeur.

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La surprise est immédiate. Avant de voir le premier modèle, à l’ouverture du rideau la scène laisse apparaître le groupe autrichien Seidä Pass composé de musiciens et de danseurs masqués et enveloppés dans des manteaux de paille et casqués d’immenses cornes venus accompagner ce show hors norme.

Show_AH_2017-18_Walter_Van_Beirendonck_Seidä_Pass_©_Anastasia_Abramova-Guendel

 

Il n’est pas toujours obligatoire de faire un show pour se distinguer et c’est le cas de Rochas qui fait une entrée plus que remarquée sur le marché de l’homme par l’intermédiaire de sa directrice artistique, Béatrice Ferrant avec 25 silhouettes à destination d’hommes jeunes aimant les belles matières, le luxe et prêts à endosser des coupes plus près du corps, à la limite de la féminité tout en conservant toutes les bases masculines.

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Tel un vestiaire intemporel entre rock and roll, classique et architecturé, l’âme féminine de la créatrice transparaît au travers de chaque pièce pour mieux mettre en valeur la silhouette de l’homme. Pas d’overdose de couleurs, les tonalités jouent du noir au blanc en passant par des dégradés de gris et de bleu soulignant ainsi la multitude de détails de coupe.

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Dans un style radicalement opposé, Andrea Crews s’impose comme un acteur incontournable du sportswear. Maroussia Rebecq s’est petit à petit imposé avec son équipe et son label dans l’univers de la mode avec un concept basé sur l’éthique et l’alternatif. Au delà du vêtement, elle souhaite créer un mouvement, une énergie, un lien social et ce dernier défilé en est la parfaite illustration. Comme à son habitude, elle fait défiler hommes et femmes dans des tenues qui démontrent l’étroitesse de la différence entre la mode féminine et masculine de notre époque.

Andrea_Crews_Homme_AH_2017-18_©_samuel_lehuede

Andrea_Crews_AH_2017-18_©_samuel_lehuede

 

Boris Bidjan Saberi a son style propre. Il s’inscrit dans la mouvance du Health Goth inspiré du dark, du rock, de l’underground, additionné à la notion de santé et de bien-être avec des matières naturelles, le vêtement pour lui étant la protection du corps humain.

Collection 100% hivernale, il puise sa source dans l’univers de la montagne avec des tenues inspirées de l’escalade avec des harnais, des sangles, des courroies où on retrouve des inspirations militaires, des basiques de coupes maison. Les matières sont le résultat de recherches comme les mailles tricotées à la main, les cuirs toujours très présents dans ses collection sont cette fois-ci issues d’estomac ou d’intestin pour la réalisation de gants et d’imperméables. En guise de final, la fourrure fait son apparition sur la fin du show pour un effet yeti.

Boris_Bidjan_Saberi_AH_2017-18_©_Dan_Lecca

Boris_Bidjan_Saberi_AH_17-18_©_Dan_Lecca

 

Juun.J a joué la carte du Co-ed pour célébrer les dix ans de sa marque et ce créateur coréen de géni se révèle aussi doué pour l’homme que pour la femme. Comme toujours, Juong Wookjun nous surprend par ses coupes oversize dont il a le secret. Si cette tendance de silhouettes démesurées est quasi générale pour l’hiver prochain, peu savent la travailler comme lui.

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Il réinterprète le meilleur de ses précédentes collections comme le trench, la doudoune, l’énorme pull torsadé, la parka, le costume rayure tennis,… en privilégiant les volumes et tout en s’amusant à les rendre androgynes et démontrant l’intemporalité de ses pièces.

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Henrik Vibskov ne se contente jamais de présenter une collection. Son âme d’artiste l’entraîne immédiatement à imaginer le décor et la performance qui interpellent les spectateurs pour mieux les plonger dans son univers. Des yogistes s’alignent dans des mouvements synchronisés dans un temple couleur rouille. Cet espace, entre équilibre et déséquilibre, est là où « The Five O’clock Leg Alignment » prend tout son sens. L’esprit est aujourd’hui encombré par le bruit et le rythme effréné de la vie où les gens concentrent tout leur temps et leurs efforts sur ce qui se passe en surface. L’harmonie du corps et de l’esprit est la clé du bien-être et du bonheur.


Henrik Vibskov AW17 Paris – Trentemøller with… par fred-blanc

En adéquation avec cette mise en scène, le vestiaire est sportif avec des lignes graphiques incurvées et des imprimés rappelant les jouets en bois, les puzzles et les jeux de sociétés des années 60, clin d’œil aux imprimés monochromes peints à la main où les couleurs naturelles étaient dominantes.

Henrik_Vibskov_AH_2017-18_©_Victor-Jones

 

Lucas Ossendrijver pour Lanvin poursuit d’inscrire ce grand nom de l’élégance parisienne dans la modernité. Ici contrairement, à certaines grandes maisons, rien de passéiste, l’homme Lanvin est bien dans son époque, il aime le chic décontracté sans faire aucune concession au style.

Lanvin_Homme_AH_2017-18_©_Marcio_Madeira

Le créateur travaille autour des proportions, des volumes et de la coupe tout en se concentrant sur des pièces basiques du dressing masculin qu’il modernise. Il ose des mélanges de styles, de superpositions et d’imprimés qui donnent une allure totalement actuelle. Le port des baskets qui s’enfilent comme des chaussettes valorise la street attitude.

Lanvin_Homme_AH_17-18_©_Marcio_Madeira

 

Agnès b. revisite les basiques de l’homme. Ici pas de révolution, comme elle aime le dire ses vêtements sont faits pour être portés par de vrais gens et ont pour mission de durer dans le temps. Même si sa collection s’inscrit parfaitement dans les tendances actuelles, la véritable surprise vient d’un casting totalement atypique sans mannequin, mais constitué de 32 amis proches de la créatrice. On y retrouve entre autres le comédien et humoriste Vincent Dedienne, le journaliste et animateur Marc Olivier-Fogiel, le guitariste, chanteur et compositeur Rodolphe Burger, l’artiste peintre Joel Degbo.

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ou encore Jérôme Contreras de la boutique agnès b. One Nation, le photographe et modèle Eliot Leblanc Hartmann, l’acteur et modèle Kevin Meffre et enfin le chanteur Nicolas Ker qui a clôturé le show par un mini concert.

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Thom Browne est l’éternelle surprise la plus attendue du dernier jour de la fashion week. On connaît son amour du costume et son exigence du travail bien fait. Cette fois ci, il souhaite nous dévoiler les étapes de la fabrication de cet habit masculin en 3 phases de façon ludique et artistique mettant en évidence le travail de maître tailleur.

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Le résultat est comme toujours grandiose, la salle reste médusée devant des constructions hors norme essayant d’imaginer le résultat de chaque pièce.

 

Kenzo a clôturé cette semaine avec sa présentation mixte en plaçant les backstages au centre de la salle. Complètement inspirées du street et du sportswear, les tenues sont en parfaite adéquation avec tout ce que nous avons vu dans la semaine.

Kenzo_collection-Co-ed_AH_2017-18_©_Olesya_Okuneva

Les imprimés, les couleurs, les superpositions sont comme des rappels au style du créateur du nom et perpétuent ainsi l’âme d’une maison éternellement jeune d’esprit.

Kenzo_AH_2017-18_©_Olesya_Okuneva

Kenzo_AH_2017-18_Defile_Co-ed_©_Olesya_Okuneva

 

Julian Zigerli a organisé un happening d’une journée. A cette occasion, il a convié ses invités à une fête organisée dans un immense appartement mêlant mannequins et convives qui ont dansé au rythme de mini concerts du chanteur Laskaar.

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Lancée en 2010 à Zurich avec comme base créative la combinaison de l’expérimentation artisanale alliée à une touche d’humour, la marque s’est rapidement fait une place à l’international et a remporté plusieurs prix et s’est retrouvée invitée à présenter au Teatro Armani lors de la Fashion Week de Milan AH 14-15.

Sa nouvelle collection joue sur l’ambiguïté du plaisir coupable du cœur, de ce que nous désirons tous, mais que nous n’admettons jamais. L’élément clé réside dans des estampes, créées en collaboration avec le trio de graphistes Moiré basé à Zurich, incluant des tartans faits avec des machines de copie domestiques, des murs de brique graffités dans un camouflage et un imprimé léopard complété d’un visage caché de chat, fil rouge de la collection..

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Et enfin, impossible de conclure sans le dernier défilé de Riccardo Tisci pour Givenchy qui, après 12 ans de création et un repositionnement du nom parmi les maisons incontournables du luxe français, a décidé de donner fin à son contrat, pour apporter son talent, d’après de nombreuses rumeurs, à Versace auprès de son amie Donatella Versace.

En attendant la confirmation de cette dernière, le créateur a livré pour son dernier opus une collection masculine où le sportswear est au centre de la création sans faire de concession au style. Si le noir est la couleur dominante, l’orange, le rouge et le bleu klein s’imposent pour réveiller l’ensemble avec des imprimés carreaux, des rayures et des pulls aux motifs rappelant les visages sur des totems.

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Frédéric Blanc

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

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