Le wax à l’honneur au Musée de l’homme

By on 14/05/2025

Dans le cadre de sa saison « Migrations », le Musée de l’homme enrichit son installation d’une exposition consacrée au wax, ce tissu emblématique du continent africain, dont les couleurs et les motifs ont traversé les frontières et les décennies pour s’imposer dans les garde-robes du monde entier.

 

Dans une période où le wax connaît une grande popularité dans les sociétés occidentales, l’exposition revient sur la genèse et l’histoire de ce tissu riche de messages.

Le wax est un tissu de coton imprimé sur les deux faces, selon une technique utilisant la cire (wax en anglais) pour délimiter des plages d’impression de motifs. Son histoire débute au XIXe siècle, au carrefour de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique. Les premiers exemplaires de wax sont en effet fabriqués par des entrepreneurs néerlandais cherchant à reproduire les traditionnels batiks indonésiens, qu’ils destinent au marché indonésien. Mais c’est sur le continent africain que ces imitations connaîtront le succès, grâce à des soldats ghanéens, enrôlés à Java par les Néerlandais au milieu du XIXe siècle. En regagnant leur pays, la Côte-de-l’Or (actuel Ghana) à la fin du siècle, ils emportent avec eux quelques-uns de ces tissus, qui suscitent l’engouement dans leur région.

Les Européens décident alors de réorienter leur production vers leurs colonies ouest-africaines. À partir de la seconde moitié du XXe siècle, la production du wax se développe au Nigéria, au Bénin, au Burkina Faso ou en Côte d’Ivoire, avant d’être concurrencée, notamment par les compagnies asiatiques. Ce tissu devient alors l’enjeu d’un commerce mondial.

L’exposition revient sur les grandes étapes de cette saga, avec la mécanisation de la production au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et l’emprise de la société Vlisco, la manufacture historique des Pays-Bas, et le succès de sa succursale ivoirienne Uniwax, fondée en 1967, ainsi que le rôle des « Nanas Benz », puissantes femmes d’affaires au Togo à partir des années 1960…

Ce volet historique montre également que le succès de ce tissu provient avant tout de ses motifs, dont les bases iconographiques ont été posées dès le tout début du XXe siècle, et qui puisent leur spectaculaire diversité dans la faune et la flore aussi bien que dans les actualités politiques et sociales. Ces dessins constituent aujourd’hui un véritable patrimoine, qui perdure tout en continuant de s’enrichir.

Si certains motifs connaissent un engouement de courte durée, d’autres au contraire sont devenus de réels incontournables riches de symboles. Le wax est ainsi devenu bien plus qu’un simple produit de consommation, un véritable moyen de faire passer des messages, de montrer son appartenance à une communauté ou son engagement en faveur d’une cause.

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Impossible de faire l’impasse sur l’attrait du wax auprès des artistes et des stylistes qui ont largement contribué à sa popularité à travers le monde en lui apportant une nouvelle esthétique aussi bien dans le domaine de l’ameublement que celui de la mode.

robe_marguerite_d_artois_par Lamyne_m_photo_frederic Blanc Ré-interprétation d’une robe de Marguerite d’Artois par Lamyne M

Ensemble Mita par Adina Ntankeu. Costume Palais Royal par Alexis Temomanin pour DentdeMan. Ensemble pantalon et chemise femme par Xuly.Bët. Robe Kurta par le Collectif Heartwear.

passeport_afropeen_par_Gombo_photo_frederic_blanc Passeport Afropéen, sérigraphie sur carton entoilé par Gombo

Bombers Léopard du Bénin, pièce unique réalisée en collaboration entre Gombo et Jijel Factory. Kimono en tissus, patch à motifs wax, broderies par Selly Raby Kane.

En plus des nombreuses créations présentées sous forme de vêtements, d’œuvres d’art et de coupons de wax, une riche sélection photographique revient sur l’histoire de ce tissu.

affiches_publicitaires_air_france_collection_musee_air_france_2016_betc_paris_photo_fred_blanc Affiches publicitaires Air France, collection Musée Air France, 2016 BETC Paris

La vie en wax: objets du quotidiens. Imprimés traditionnels : Yedo: toile d’araignée d’Anansi. La main du lépreux. Ce que l’homme mangera ne manquera pas. L’arbre tombé. Ce sont les fûts vides qui font le plus de bruit.

Le domaine religieux: ensemble de cérémonie et tissu de deuil. Costume de mariage avec le motif: « Fleur de mariage ».

La vendeuse ambulante de pagnes, peinture acrylique sur métal par Didier Ahadji, collection Philippe Caro.

expo_wax_nana_benz_par_gombo_photo_fred_blanc Les Nanas Benz par Gombo

Pour accompagner l’exposition, la maison d’édition Bayard Graphic’ s’associe avec le Musée de l’Homme-Musée national d’Histoire naturelle pour imaginer un ouvrage réalisé sous forme de bande dessinée qui retrace l’histoire du wax à travers les aventures de Sofia, une jeune femme métisse qui renoue avec son histoire familiale.

Celle-ci découvre en effet que les wax que son père lui offrait chaque année étaient davantage que des cadeaux, mais des messages d’amour et de confiance à décrypter à travers les motifs.

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bd_wax_paradox_edition_bayard_graphic Wax Paradoxe par Justine Sow aux éditions Bayard Graphic’ : 22€

 

Exposition Wax du 5 février au 7 septembre 2025 au Balcon des Sciences et au Foyer Germaine Tillion du Musée de L’Homme : 17 place du Trocadéro et du 11 Novembre, Paris 76116.

Informations pratiques sur le site du Musée de L’Homme

 

Frédéric Blanc

 

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

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