Les défilés incontournables de la Paris Fashion Week printemps-été 2018

By on 15/10/2017

La Paris Fashion Week, réputée comme la semaine de la mode la plus créative du monde, a une fois de plus, avec ses 83 défilés inscrits au calendrier officiel de la Fédération de la Haute Couture et de la mode, prouvé son dynamisme par un choix pointu des marques invitées.

 

Si contrairement à Milan, où chaque défilé se transforme en show grandiose, Paris se la joue plus discrète et préfère se concentrer sur la création stylistique des marques qu’elle présente.

Impossible cependant de passer à côté du défilé Chanel qui bat à plate couture tous les défilés du monde en imaginant chaque saison, une scénographie époustouflante, en parfaite adéquation avec le thème de la collection.

Chanel_SS_2018_RTW_decor_©_Olivier_Saillant

C’est dans un décor de roche et d’eau qui évoque les Gorges du Verdon, célèbre canyon aux multiples cascades, situé dans le sud de la France, que Karl Lagerfeld a souhaité recevoir ses invités, pour leur dévoiler une nouvelle histoire aux tons aqua. Palette arc-en-ciel, scintillement or ou argent, rappelant les reflets du soleil et de la lune à la surface de l’eau, imprimés aqua fondus de bleu et de blanc, verts végétaux, roses délicats et tons vifs comme l’énergie de la nature, enveloppent la silhouette du printemps-été. Si le style Chanel est reconnaissable au premier coup d’œil avec tous les codes maison, on note l’arrivée de petites capelines, capuches, capes, mitaines, bottes et cuissardes de pluie en plastique transparent, qui rythment la collection en parfaite harmonie avec le thème de l’eau.

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Chanel_SS_2018_RTW_Finale_©_Olivier_Saillant

 

Sur le même registre des défilés monumentaux, celui de Saint Laurent a été particulièrement grandiose avec un gigantesque podium en béton, construit au bord des fontaines des jardins du Trocadéro.

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En toute simplicité le show d’Anthony Vaccarello pour la griffe a commencé sous les scintillements de la Tour Eiffel. Acclamée par un parterre de stars toutes en Saint Laurent (Charlotte Gainsbourg, Kate Moss, Eva Herzigova, Catherine Deneuve, Béatrice Dalle…) la collection puise dans l’ADN de la marque, tout en restant fidèle à l’esprit rock imposé par le passage Heidi Slimane. Parmi les nombreux modèles phares, on retient les microrobes en plumes, l’esprit smoking revisité, les tops transparents chers à Monsieur Saint Laurent et les bottes en marabout.

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Nina Ricci a également opté pour un défilé à l’extérieur. C’est l’esplanade des invalides qui a été choisie comme podium, pour une totale adéquation au thème de la saison, décidé par Guillaume Henri : un vestiaire d’apparat, inspiré de la Légion étrangère, de l’Inde impériale et de Don Quichotte de la Mancha. Le mixe est dans l’ensemble plutôt bien réussi en apportant une touche de féminité au style militaire, mais il devient compliqué sur le final par l’apport de trop d’informations.

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Le final, sous les accords de la Septième symphonie de Beethoven, reste un moment grandiose, avec le salut du créateur, entouré de ses mannequins postés devant le mausolée géant de Napoléon.

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Alexis Mabille rend hommage à la féminité avec une collection printanière, fraîche où le blanc et les pastels ont la première place. Accessoirisées avec de grandes boucles d’oreilles fleurs, la femme Mabille s’épanouit au soleil et n’hésite pas à dévoiler son corps par des jeux de transparences. Sexy, sans jamais tomber dans le vulgaire, elle affiche avec naturel sa jeunesse et son insouciance se sachant irrésistible dans ses tenues estivales.

Alexis_Mabille_SS_2018_©_Dominique_Maitre

Alexis_Mabille_PE_2018_©_Dominique_Maitre

 

Beaucoup plus fatale, la femme Elie Saab, n’a peur de rien. Elle s’inspire de la jungle pour son nouveau dressing. Les imprimés python, les feuilles de palmes, les fines franges de soie telles des lianes, la palette de couleurs éclatantes, à l’image des fleurs exotiques, parent les tenues du matin au soir dans une atmosphère tropicale. Si le couturier libanais est réputé pour se robes de princesse, il excelle quand il s’attaque aux tenues de jour, qu’il taille avec justesse, pour mettre le corps en valeur, en retravaillant les codes du classicisme pour en faire des pièces ultra glamour. Pour les fêtes estivales, le soir n’est pas oublié avec des robes courtes ou longues ainsi que des ensembles, qui laissent respirer le corps par des jeux de transparences ou des découpes, afin de profiter sans entraves de la chaleur de la nuit et s’amuser sans contraintes.

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Lancée en 2009, la Marque Jacquemus est un véritable ovni dans le monde de la mode par sa réussite fulgurante. Si généralement les jeunes créateurs mettent des années à se forger un nom, Simon Porte Jacquemus a su dès son premier défilé créer le buzz et décrocher en très peu d’années de nombreux points de vente, tout en restant indépendant.

En mai 2017, le désigner créé l’événement en étant invité vedette d’une double exposition baptisée « Marseille je t’aime » à Marseille où il a organise un méga show avec sa collection « les Santons de Provence ». Il récidive aujourd’hui en ouvrant la Paris Fashion Week au Musée Picasso, avec ses nouvelles créations, qu’il réalise en partenariat avec la Woolmark. Il profite de ce lieu, riche en histoire, pour y organiser la première fête de la semaine.

Baptisée « la Bomba », la collection rend hommage à sa mère disparue ainsi qu’au sud de la France. Des tonalités neutres, pour des tenues simples, mettant le corps en avant grâce à des dos nus, de fines bretelles et des décolletés profonds, rappelant les tenues de sa mère dont il dit lui même : « je crois n’avoir jamais vu ma mère aussi belle (que) les soirs après la plage et après certainement l’amour ». Accessoirisés de grands chapeaux, de turbans et de boucles d’oreilles dépareillées, ces looks sont parfaits pour une élégance nonchalante chère à l’été.

Jacquemus_PE_2018

Jacquemus_SS_2018

Au milieu des nombreuses personnalités venues assister au défilé et à la fête, il est à noter la présence de Pierre Cardin et Jean Charles de Castelbajac, un véritable honneur et une consécration pour cet autodidacte amoureux de la mode.

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En trois saisons, Christine Phung a su prendre ses marques et imposer sa vision de Léonard Paris. Réputée comme difficile, suite aux nombreux changements de directeurs artistiques, la maison aux imprimés semble enfin avoir trouvé la bonne personne. Arrivée timidement, elle emporte le nom vers un nouveau style, beaucoup plus sport/chic, sans pour autant dénaturer l’ADN avec les fleurs, qu’elle mixte avec subtilité à des imprimés graphiques, rendant l’ensemble hyper actuel.

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Leonard_Paris_PE_2018

 

Le dépaysement est toujours assuré avec Manish Arora. Sans faillir à sa réputation, il propose des tenues joyeuses et colorées, mais nettement plus portables qu’a l’accoutumée. Il impose une nouvelle décontraction avec le style pyjama dont il s’empare, pour une cool attitude luxueuse à porter au quotidien. Au fil de la présentation, ses origines indiennes s’imposent tout en restant subtiles, permettant ainsi à une clientèle internationale, de s’approprier ses pièces aux broderies délicates et aux couleurs chamarrées.

Manish_Arora_SS_2018

Manish_Arora_PE_2018

 

Pour sa présentation, Pascal Millet a préféré un lieu intimiste et confidentiel. Les convives, triés sur le volet, sont accueillis dans un sublime hôtel particulier au pied de Montmartre, rappelant la grande époque où les défilés se passaient dans les maisons. En totale adéquation avec cette atmosphère sophistiquée, la collection rend hommage à l’élégance parisienne. Ici pas de faute de goût, les looks sont sophistiqués, modernes et forment une garde-robe parfaite, avec des chemises blanches, des robes, des manteaux, du denim, sans oublier les tenues pour les cocktails et le soir.
Une fois de plus, Pascal Millet se place comme l’ambassadeur de l’élégance à la française, et l’on comprend pourquoi les clientes asiatiques raffolent de ses modèles.

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Bien qu’en marge du calendrier officiel, le show de la marque japonaise Beautiful People a tout à fait sa place dans les meilleures présentations de la semaine. Dans sa logique d’une mode conceptuelle et intellectuelle, le créateur Hidenori Kumakiri a présenté ses pièces hors du temps, en apparences simples et pourtant si complexes. Afin d’expliquer sa démarche, le défilé est entrecoupé de séances d’habillages expliquant comment les différentes superpositions s’orchestrent pour arriver à ces looks hors du commun.

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Artiste, personnage emblématique de Paris, la créatrice Yazbukey a réussi à imposer sa vison décalée du défilé de mode sous forme de mini pièces de théâtre. Devenus de réels rendez-vous, attendus par les fans, ses shows sont toujours en totale adéquation avec le thème de la collection. Direction le Théâtre de Nesle pour un voyage vers l’Egypte avec une déesse de la pluie entourée de pin-up exploratrices aux allures 5O.

En plus des fameux accessoires en plexi, Yazbukey propose une ligne de prêt-à-porter de plus en plus complète avec du denim et des maillots de bain sexy.

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Enfin, impossible de conclure sans reparler du premier défilé Thom Browne, durant la semaine féminine. Si habituellement ses shows sont attendus lors de la fashion week masculine, il vient de créer l’événement avec ce défilé hors normes, dans lequel il dose avec justesse sa fantaisie et sa maîtrise de la couture. Entre performance et démonstration technique, il se place comme un élément incontournable de la semaine et s’assure une place de choix dans les dressings des amoureux de la mode.

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Pour les amoureux des jeunes créateurs, découvrez : La Paris Fashion Week, Printemps-été 2018, met les nouveaux talents à l’honneur.

Frédéric Blanc

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

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