La jeune création tunisienne

By on 12/06/2016

A l’occasion de la 8ème édition de la Fashion Week Tunis, tout le monde de la mode s’est donné rendez-vous afin de découvrir les créations locales et internationales. Pas toujours facile pour un jeune créateur de monter une collection et d’organiser un défilé chaque année, l’édition tunisienne étant annuelle.

Heureusement, sous l’initiative de madame Fakhta Hachicha, directrice marketing et communication du FFDesigner Magazine et du créateur de mode Seyf Dean Machiavelli, également fondateur et rédacteur en chef du magazine, la presse française a pu rencontrer la relève de la mode tunisienne.

Organisé au sein du nouveau restaurant La Babboucha du chef cuisinier, Ali Dey Daly, diplômé de l’école Paul Boccuse et ayant fait ses classes aux côtés d’Alain Ducasse au Plaza Athénée et au restaurant de l’Hôtel Meurice, le brunch a permis dans une ambiance conviviale et élégante de mieux faire connaissance avec une dizaine de jeunes designers ne souhaitant qu’une seule chose promouvoir la création locale en s’ouvrant au monde et prouver la modernité et l’ouverture d’esprit du pays.

brunch_ffdesignerbabboucha_photo_amine_djios_mai_2016 Le chef Ali Dey Dali entouré des créateurs et de la presse française

Parmi ces créateurs, certains ont eu la chance de participer à la semaine de la mode dans l’amphithéâtre de Carthage, comme Fatma Ben Soltane et son label Soltana. Passionnée de mode et autodidacte, elle se perfectionne aux USA et obtient un master en finance et en création d’entreprise. Elle retourne vivre à Tunis et décide de se consacrer à la mode, d’abord pour elle, ensuite pour ses amies et enfin pour des clientes privées qu’elle reçoit dans son atelier. Elle ne pourra jamais assez remercier l’ère des réseaux sociaux qui lui apporte la possibilité de présenter à la septième édition de la Fashion Forward de Dubaï, grâce à une it-girl qui y découvre ses créations. S’ensuit shootings et défilés à Koweït, Bahreïn et Marrakech. Aujourd’hui, à 31 ans, Soltana fait partie des marques qui comptent et sa dernière collection composée d’un dressing très show off a toutes les chance de conquérir un public jeune adepte de mode italienne et du Moyen-Orient.

soltana_by_fatma_ben_soltane_tfw_2016_photo_olesya_okuneva Fatma Ben Soltane pour Soltana

Inès Kebaili et Samia Mbarak imaginent pour Alisha Studio une mode jeune et sophistiquée, qui a rapidement conquis la jeunesse tunisienne et les a amenées à ouvrir leur première boutique depuis décembre dernier dans le quartier chic de Tunis, les Rives du Lac. Toutes deux diplômées en stylisme/modélisme avec une spécialisation en design d’accessoires pour Samia, elle aiment allier leurs points communs et leurs différences pour leurs créations plutôt romantiques, où les bijoux sont intégrés aux tenues par l’apport des broderies.

alisha_studio_fwt_2016_photo_olesya_okuneva Samia Mbarak et Inès Kebaili pour Alisha Studio

Il est à noter que Samia Mbarak est en parallèle styliste pour la marque de maillots de luxe Coutures, dont la fondatrice Tunisienne, Mouna Alexandre, a monté la société aux Etats-Unis. La fabrication des modèles made in France avec des broderies faites main et composées de pierres, de cristaux et de perles du Japon apporte un gage de qualité.

La collection ont été présentée lors de la finale Elite Model Look Tunis 2016.

maillots_de_bain_Coutures_fwt_2016elite_model_look_2016_photo_olesya_okuneva

Mademoiselle Hecy est incontestablement une des marques incontournables de Tunisie. Imaginée par Hend Gasmi et Cyrine Faillon, deux jeunes créatrices issues d’Esmod Tunis, elles ont fait partie des lauréats sélectionnés par la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode qui, depuis 2010, met en avant avec le MFP de jeunes designers de mode et d’accessoires.

C’est au travers d’un concept innovant qu’elles ont séduit la jeunesse dorée de Tunis en la recevant dans leur atelier boutique assurant un service personnalisé à chaque cliente afin d’adapter leurs créations à ses mesures et en garantissant l’exclusivité de pièces uniques.

mademoiselle_hecy_fashion_week_tunis_2016_hend_gasnie_et_cyrine_faillon_photo_olesya_okuneva Cyrine Faillon et Hend Gasmi pour Mademoielle Hecy

Yosra Aydi, fille de styliste, a grandi dans l’univers de la mode. La tête sur les épaules, elle suit un cursus qui lui donne un diplôme en administration des affaires avant de se consacrer à sa passion première. Reconnue dans le monde arabe par l’application Golden Ratio, qui la place comme une des plus belle femme du pays, elle souhaite à travers sa marque Why Couture mettre en avant la plastique des femmes sans concession aux bien pensants. Sexy, voire provocatrice, sa première collection est encore hésitante entre modernité et tradition, mais possède déjà de bonnes bases pour séduire de nombreuses femmes bien dans leurs corps.

why_couture_by_maha_el_moudir_fwt_2016_photo_olesya_okuneva Yosra Aydi pour Why Couture

Si les designers masculins se sont fait rares cette semaine sur le podium, Braim Klei, qui a clôturé les festivités, a largement dépassé les espérances de la presse internationale présente pour ce show. Moderne, underground, engagée, arty, bien construite dans de belles matières, sa première collection est parfaitement aboutie et se démarque en tous points du reste des propositions des autres défilés. Diplômé en stylisme d’Esmod Tunis, il prend le contrepied de la mode ultra bling bling du Maghreb pour s’intéresser au prêt-à-porter et plus particulièrement au sportswear chic, le tout sans concession. Déjà très remarqué avec sa collection masculine dark lors de la 7ème édition de la Fashion Week Tunis, il se tourne vers la mode féminine plus réceptive pour apprécier ses créations dans un pays où les codes de la masculinité sont plus difficiles à changer. A la recherche d’un show-room à Tunis afin de développer sa clientèle et trouver des points de vente, Braim mérite un coup de pousse de la part des têtes chercheuses de la mode, afin de le propulser le plus rapidement possible vers l’Asie où sa carrière risque d’exploser en imposant sa vision très contemporaine et enfin défiler à Paris.

braim_klei_fashion_week_tunis_2016_photo_olesya_okuneva_2 Braim Klei

Absent sur le podium mais incontournable du premier rang lors des défilés avec ses looks hors du commun, Seyf Dean Machiavelli est la personnalité de la mode du pays. Il a été repéré lors du premier Festival de Mode Tunis en 2013 où il rafle le premier prix. Si pour cette première collection, Seyf avait présenté une mode plutôt sage, il montre depuis sa vraie originalité à l’image de son vestiaire personnel.

Seyf_Dean_Machiavelli Seyf Dean Machiavelli

Très intelligent, il comprend vite que le seul moyen d’exister aujourd’hui est de s’auto promouvoir et monte le premier magazine à destination de la jeune création : le FFDesigner. On y retrouve tous les jeunes talents tunisiens, mais également internationaux comme la créatrice d’accessoires Shourouk à qui il consacre la couverture et un rédactionnel dans son dernier numéro. Par son approche, il se pose comme le meilleur ambassadeur des talents d’aujourd’hui et de demain.

Couverture_FFDesigner_Mai_2016_shourouk

Si depuis un an, Seyf a mis entre parenthèse sa carrière de styliste et sa marque Narciso Domingo McAvelli, pour se consacrer à son magazine et aider ses jeunes confrères, il n’en est pas moins inactif préparant sa première collection masculine et sa collection femme 2017. Jusqu’au-boutiste, il est également reconnu pour ses lignes d’accessoires atypiques et ludiques.

Narciso_Domingo_McAvelli_Collection_Frida_Khalo Collection « Frida Khalo » Narciso Domingo McAvelli

Repéré l’année dernière lors de son show grandiose dans l’enceinte de l’hôtel Touring Gammarth, Medhi Kallel, ancien mannequin et costumier pour la télévision et le cinéma, sait ce qu’il veut. Diplômé de l’École des Arts et d’Esmod Tunis en stylisme modélisme, c’est vers la haute couture qu’il se spécialise en mêlant modernité et traditions ancestrales du travail des tissus et de la broderie locale. Il souhaite faire partager le savoir-faire et la richesse du pays lors de grands défilés internationaux comme par exemple à Moscou, en Mars dernier, où il a été choisi comme représentant du pays lors de la fête nationale tunisienne en collaboration avec l’ambassade de Tunisie en Russie, où deux clientes moscovites ont déjà succombé aux charmes de ses créations.

Difficile pour un jeune couturier d’allier commercial et création. C’est pourquoi, Medhi a préféré passer son tour cette saison, se concentrant sur ses commandes privées et ainsi pouvoir avoir les fonds nécessaires pour présenter l’année prochaine.

Mehdi_Kallel_Collection_Couture_2015 Medhi Kallel collection haute couture 2015

Ali Karoui est le couturier des red carpets par excellence. Ultra glam et sexy, ses robes mettent le corps en valeur par des jeux de transparence et de broderie. Autodidacte, il commence à l’âge de neuf ans à imaginer les premières robes de sa sœur. Il intègre Esmod Tunis après ses études classiques et en ressort avec le prix du stylisme en 2005. Depuis, avec sa propre marque créée en 2012, il enchaîne les présentations en Tunisie et à l’international comme lors de l’Altamoda à Rome, à New-York ou à Berlin en 2014 et plus récemment lors de la présentation de la joaillerie Chopard à Saint-Tropez en 2015.

Il vient également de se faire remarquer lors du dernier Festival de Cannes en parant de ses créations Victoria Silvstedt et Miriam Odemba lors de la montée des marches.

Ali_Karoui Ali Karoui

A 29 ans, Ahmed Talfit fait parler de lui depuis ses 25 ans. Catalogué comme l’avant-garde des podiums tunisiens depuis sa première collection avec sa mode internationale, structurée et provocante pour laquelle il puise l’inspiration dans ses voyages et ses grands maîtres à penser comme Azzedine Alaïa ou Alexander Mc Queen. Diplômé de l’école des Arts et métiers d’Esmod Tunis, il maîtrise la technique et les formes architecturales. Après seulement quatre collections couture, qu’il réalise dans son atelier, il est déjà présent dans un showroom à Dubaï et très prochainement dans un autre à Tunis. Il a également réalisé une collection capsule masculine.

Collection_Couture_Ahmed_Talfit Ahmed Talfit

Parce que la mode c’est aussi les accessoires, Myriam Naili, puise son inspiration dans sa culture franco-tunisienne pour sa maroquinerie Nina L, créée en 2014. Intemporels, fonctionnels et au design architectural, ses sacs sont faits à la main avec des mélanges de matériaux issus de collaborations avec des artisans locaux.

Distribuée localement chez Musk&Amber, la boutique de luxe mode et déco incontournable, l’international commence à s’intéresser à ses créations présentes chez Caboclo et Selfistore à Barcelone.

Maroquinerie_Nina_L Myriam Naili pour Nina L

Cette liste, loin d’être exhaustive, montre le dynamisme d’un pays en crise, qui ne demande qu’à prouver sa modernité et accueillir de nouveau le tourisme français et international et faire partager un savoir-faire et une création qui a tout-à-fait sa place dans notre époque. Ce vent de modernité s’exprime d’ailleurs dans nombreux domaines comme par exemple la coiffure et l’ouverture prochaine du salon Mosta par Mosta Moez, qui inaugure prochainement à Gammath son appartement comprenant plusieurs espaces dédiés à la coiffure, aux soins du corps et un autre tout spécialement consacré aux mariées pour des journées exceptionnelles entièrement consacrées à leurs bien-être et leur mise en beauté. Cette star de la coiffure qui s’est déjà fait remarquer lors des deux dernières fashion-week Tunis en tant que chef coiffeur et au cours d’une démonstration en live des ses talents, a la caractéristique de danser en coiffant et va proposer sur sa terrasse des coupes de cheveux les soirs de pleine lune.

Mosta_Moez_Fashion_Week_Tunis_2015 Show Mosta Moez fashion week Tunis 2015

Frédéric Blanc

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

3 Comments

  1. Pingback: Homepage

You must be logged in to post a comment Login

Leave a Reply