Noémie Lenoir imagine la botte La Tosca

By on 27/06/2022

La mode est un éternel recommencement. Après avoir fait une percée dans les années 70 et les années 80, les bottes avaient laissé leur place au profit de chaussures plus légères pour les saisons estivales. Elles font leur grand retour pour l’été 2022. Une tendance qui n’est pas passée à côté de la Top Model Noémie Lenoir qui imagine sa botte La Tosca.

 

Avec ses 25 ans de carrière en tant que mannequin, Noémie Lenoir est devenue une véritable experte en mode et en tendance. Sa passion pour ce monde et ses différentes expériences en haute couture et en prêt-à-porter l’ont conduite à découvrir ce qui se cache derrière le glamour des défilés et des shootings. Fascinée par les créateurs et le travail des petites mains qui contribuent à réaliser les désirs des designers, elle noue un amour particulier avec les artisans français qui détiennent des savoir-faire uniques permettant à notre pays de détenir le plus grand nombre de marques de luxe au monde.

Fan des chaussures, Noémie voue une passion particulière pour les bottes, mais jusqu’ici aujourd’hui, elle n’avait pas encore trouvé son modèle idéal, une paire légère, à porter l’été avec un short, un jean ou une robe et surtout qui parle à tout le monde, y compris aux hommes.

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Pour la réalisation de ce projet, Noémie s’est associée à l’école Casa 93, spécialisée dans l’insertion sociale et professionnelle, et plus particulièrement à la jeune styliste Sandy qui lui a permis de mettre sur le papier le modèle qu’elle imaginait depuis tant d’années. C’est tout naturellement qu’elle s’est tournée vers l’Atelier Chamberlan qui confectionne des souliers au cœur du Périgord vert, dans la plus pure tradition du savoir-faire artisanal français pour donner vie à ce projet. Réputée pour son travail minutieux de choix de formes, de matériaux et son expertise en matière de production éthique, responsable et vertueuse, cette jeune société est également reconnue pour ses produits réalisés dans une parfaite maîtrise de la technologie industrielle de pointe mêlée à des gestes artisanaux. Afin de contribuer à la sauvegarde des savoir-faire et de l’artisanat, une partie des bénéfices de la vente de la botte La Tosca x Noémie Lenoir est reversée au pôle expérimental des Métiers d’Art de Nontron et du Périgord-Limousin. Une association située dans le village où est installé l’atelier Chamberlan.

Ultra confortable et légère la botte La Tosca se veut transgénérationnelle et mixte. Le cuir tressé d’une grande souplesse et la bride en cuir réglable permettent d’ajuster la botte selon ses envies. Sa forme généreuse et ses deux largeurs S/M ou L/XL lui permettent de s’adapter à tous les types de morphologies.

Bottes_La Tosca_©_NOKEMA_courtesy_noemie_Lenoir

Bottes_Mixtes_La_Tosca_©_NOKEMA_courtesy_Noemie_Lenoir

Bottes_La_Tosca_©_NOKEMA_Courtesy_Noemie_Lenoir

Bottes_blanches_La_Tosca_©_NOKEMA_courtesy_Noemie_Lenoir

F-S : Pour commencer, parlez-nous de votre amour pour les chaussures et surtout de votre passion pour les bottes.

NL : Mannequin depuis 25 ans, je peux vous dire que les chaussures sont un accessoire important dans la mode ! À mes débuts à l’âge de quinze ans, on me perchait déjà sur des talons et pour moi cela était un vrai bonheur. Même si ma mère n’avait que deux paires de chaussures, elle vouait une véritable passion aux escarpins. Pour moi l’escarpin est devenu comme une Madeleine de Proust. J’entends encore ma mère marcher dans le quartier lorsqu’elle partait ou rentrait du travail. Le son de ses talons sur le bitume résonne encore en moi.

En ce qui concerne les bottes, qui sont des souliers plutôt d’hiver, j’ai toujours trouvé qu’elles apportaient une allure particulière. Leur seul problème est qu’elles tiennent chaud. Adorant le contraste de la botte avec une tenue d’été, j’ai eu l’idée de créer un modèle léger où l’air passe et où pied puisse respirer. Elle est réellement conçue pour être portée du printemps à l’automne. Je l’ai volontairement imaginée souple afin qu’elle puisse se porter plissée et retenue par sa lanière pour lui donner un côté rock & roll à la fois féminin, décalé et surtout faisant une belle jambe.

F-S : Comment vous est venue l’idée de collaborer d’une part avec une des étudiantes de Casa 93 ?

NL : En fait c’est grâce à un documentaire présenté par Melissa Theuriau qui parlait de Casa 93, une école ouverte au Brésil dans les Favellas et aujourd’hui installée à Saint-Denis, que j’ai découvert ce lieu. J’avais envie que cette botte me représente, de sa conception à de sa fabrication. Très sensible au fait d’aider les jeunes de banlieue, j’ai immédiatement eu l’idée de collaborer avec cette école. J’avais déjà repéré Sandy dans le documentaire, une étudiante de l’année 2018. J’ai fait appel à elle en lui expliquant quelle botte j’avais en tête et elle lui a donné vie en dessin. C’est ce croquis qui a ensuite été présenté à l’atelier Chamberlan pour en faire la réalisation.

 

Pourquoi avoir choisir l’Atelier Chamberlan pour la réalisation de votre projet ?

C’est grâce à une amie que j’ai rencontré Sophie, une des propriétaires de cet atelier. Après avoir visité plusieurs sites de fabrication, je suis littéralement tombé en amour pour sa façon de travailler. Installée dans le Périgord, cette jeune société ne fabrique qu’en France avec du cuir français. Soucieux de l’environnement, l’atelier est entièrement autonome au niveau électrique grâce à un système solaire et emploie entre 8 et 16 employés, en fonction des saisons et ne travaille que sur commandes afin de limiter les pertes. Pour moi, ce type de fonctionnement éthique mêlé à l’utilisation exclusive de peaux françaises a un réel sens pour promouvoir la création française.

 

F-S : Ce choix d’une fabrication française dans un Atelier respectueux de l’environnement et garant de la conservation du savoir-faire artisanal prouve votre conscience pour une création plus raisonnée. Pensez-vous que cette nouvelle façon de fabriquer et de consommer des articles de mode plus éthique est un phénomène issu du marketing ou une réelle demande des consommateurs ?

NL : Pour moi, ce n’est pas une question de marketing, mais un besoin vital pour sauver un savoir-faire artisanal qui est en perdition. Par exemple, nous n’avons plus de tisserands en France, la dernière a 70 ans et nous avons décidé de l’engager afin de reformer des gens au métier de tisserand. La main-d’œuvre est soit chère en France, mais le gros problème c’est que nous avons perdu le savoir-faire. Le métier de la chaussure est réellement en difficulté en ce moment, nous sommes passés de 76 000 à 8500 personnes travaillant dans ce domaine, en quelques années. C’est à l’état de prendre les choses en main en baissant les charges sociales afin de permettre aux entreprises de relocaliser et ainsi faire revivre des savoir-faire et surtout donner des emplois aux gens. Il faut simplifier les choses pour que le made in France soit réalisable dans des conditions optimales et ceci dans tous les domaines.

 

F-S : En total accord avec l’air du temps, vous avez souhaité proposer une botte transgénérationnelle, unisexe et inclusive. Que pensez-vous de cette nouvelle tendance, vous qui avez commencé votre carrière de Top Model lorsque les standards de beauté étaient à l’ultra féminité, minceur et jeunesse ?

NL : Déjà je voulais qu’elle soit unisexe, car on ne propose pas beaucoup de bottes pour les hommes. Pour moi, elle est l’exemple d’un produit LGBT+, pour des gens qui osent. Si en France ce modèle sera surement plus vendu à des femmes, il est sûr qu’il sera un best-seller au Japon pour les hommes. Le fait qu’elle soit transgénérationnelle est également important pour moi, car aujourd’hui tout le monde a le droit de s’habiller comme il le souhaite et ce phénomène se voit dans les shows où des mannequins de tout âge et de toute morphologie défilent aux côtés de mannequins « classiques ».

Cette botte me représente à la perfection, moi qui suis une femme issue du métissage, j’avais envie qu’elle chausse tous les types de personnalités sans distinction de sexe, de couleurs, de taille ou d’âge. J’ai envie que ma botte inspire ce courant de pensée.

 

F-S : Comme vos consœurs de l’époque vous gardez une aura dans le monde de la mode, qui vous permet de continuer votre carrière de mannequin. Grâce à cette expérience avec la Tosca, vous voyez-vous devenir créatrice de mode ?

NL : J’ai plusieurs types d’idées professionnelles pour sortir du mannequinat, mais pour le moment je me consacre à ma botte. Il m’a déjà fallu deux ans pour pouvoir lui donner vie, c’est un réel projet qui me tenait à cœur et je suis fière d’avoir réussi à sortir La Tosca. Dans tous les cas, ce qui est sûr, c’est qu’après cette expérience, je souhaite surtout rester dans le travail d’une matière première française.

 

Disponible sur le site de Chamberlan au  prix de 595€, la botte La Tosca se décline en nude, noir, marron, blanc et rouge.

 

Frédéric Blanc

 

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

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