Trois petits tours sur le podium et puis s’en vont

By on 24/05/2023

Si la nomination au poste de directeur artistique d’un grand nom de la mode semble être une consécration ultime pour un designer, cette mission est bien souvent à double tranchant pour ces derniers, dont l’espérance de vie à ce titre est de plus en plus courte.

 

Après le non-renouvellement de contrat de Charles de Villemorin chez Rochas, et les licenciements de Bruno Sialelli chez Lanvin, du duo Serhat Isik et Benjamin A.Huseby chez Trussardi, c’est au tour de Ludovic de Saint Sernin de quitter son poste chez Ann Demeulemeester après seulement 6 mois et une collection.

 

Alors que la maison avait salué son arrivée en vantant ses mérites de designer engagé dans une mode d’aujourd’hui, la direction semble avoir viré de cap puisque ce dernier ne présentera pas de nouvelle collection.

Ludovic_de_Saint_Sernin_courtesy_Ann_Demeleuleester

Aucun nom n’a encore été dévoilé pour lui succéder.

 

Il en est de même pour Rhuigi Villaseñor chez Bally qui, après un an et demi, quitte d’un commun accord avec la direction son poste de directeur artistique de la ligne de prêt-à-porter du chausseur de luxe suisse.

Nommé en janvier 2022, le fondateur de la marque de streetwear de luxe Rhude avait créé la surprise en prenant, pour la première fois, la direction d’une marque au style plutôt classique.

Rhuigi_Villasenor_courtesy_Bally

Après 21 absences des podiums, ce dernier a ramené la maison au-devant de la scène avec deux collections féminines sophistiquée et sexy, tout en repositionnant la marque dans la modernité, grâce notamment à ses créations en cuir.

Si la direction n’a encore dévoilé aucun autre nom, tout en assurant que la création des prochaines collections sera assurée par son studio interne, cette dernière semble plutôt se focaliser sur nouveau projet de capsules réalisées en collaboration avec l’acteur américain Adrian Brody dont le premier opus sera dévoilé fin 2023.

Dans une période où tout va très vite et où le succès arrive aussi rapidement qu’il repart, il est de plus en plus compliqué de transposer la réussite d’une marque à une autre. Les grands groupes semblent avoir oublié que les ventes de vêtements de luxe se gèrent différemment que celles de yaourts dans un supermarché. Placer un designer banquable pour sa marque n’est pas un gage de réussite pour une autre, tout le monde ne s’appelant pas Anthony Vaccarrelo, Kim Jones, Nicolas Ghesquière ou Maria Grazia Chiuri.

Ne serait-il pas temps pour les grands groupes de penser à investir sur de nouveaux labels, plutôt que d’essayer sans cesse de prolonger le succès de grands noms dépourvus de leur ADN ?

 

Frédéric Blanc

 

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

You must be logged in to post a comment Login

Leave a Reply