Iris Van Herpen investit le Musée des Arts Décoratifs de Paris

By on 21/12/2023

Si généralement le MAD accueille les expositions mode des grandes maisons comme dernièrement Schiaparelli, Mugler ou Dior, le musée déroge à sa règle en accueillant le travail d’Iris Van Herpen, une des créatrices de mode les plus visionnaires de sa génération.

 

Entièrement réalisée grâce à l’apport de fonds privés (Lizzie et Jonathan Tisch, Lauren Amos, Jordan Roth, Friends of the Musée des Arts Décoratifs et GRoW @ Annenberg, en particulier Regina et Gregory Annenberg Weingerden – catalogue réalisé avec le soutien de Krystyna Campbell-Pretty et sa famille), l’exposition de haute couture « Sculpting the Senses » invite le visiteur à un voyage immersif dans l’imaginaire d’Iris Van Herpen, un univers singulier ou l’hybride est ponctué par des recherches et ses expérimentations.

Allant du micro au macro, l’installation pose la question de la place du corps dans l’espace et de son rapport aux vêtements et à son environnement ainsi que son avenir dans un monde en pleine mutation.

Très proche du monde des arts, la créatrice a souhaité faire dialoguer une centaine de ses pièces haute couture avec des œuvres d’art contemporaines, telles que celles du Collectif Mé, Win Delvoye, Rogan Brown, Kate MccGwire, Damien Jalet, Kohei Nawa, Casey Curran, Jacques Rougerie, ainsi que des créations de design de Nevi Oxman, Ren Ri, Ferruccio Laviani et Tomás Libertíny, et des pièces provenant des sciences naturelles comme des coraux ou des fossiles créant une résonnance unique avec des pièces historiques.

iris_van_herpen_photo_saywho_par_michael_huard_courtesy_mad Iris Van Herpen

Née en 1984, Iris Van Herpen grandit dans le village de Wamel en osmose avec la nature et le monde du vivant qui sont, avec la danse classique et contemporaine qu’elle pratique depuis son plus jeune âge, les éléments fondateurs de son rapport au corps et aux vêtements. Après une période formatrice auprès d’Alexander McQueen et de Clady Jongstra elle fonde en 2007 à Amsterdam, sa maison éponyme, qui allie les subtilités de l’artisanat avec l’esprit pionnier de l’innovation, décloisonnant et ouvrant sa pratique à une multitude de disciplines. Elle intègre, quatre ans plus tard, la Chambre Syndicale de la Haute Couture de Paris. L’année 2010 marque un tournant dans sa carrière lorsqu’elle présente sa première robe faite en impression 3D issue de la collection Crystallization, actuellement conservée par le MAD. À l’instar de cette pièce iconique faite avec Daniel Widrig et l’entreprise Materialise, ses rencontres et ses collaborations deviennent de véritables moteurs créatifs. Consciente des problématiques de son temps, elle favorise depuis ces dernières années des méthodes de fabrication écoresponsables, comme en témoignent certaines réalisations faites à partir de plastique recyclé ou de fèves de cacao, imprimées en 3D.

En 2012, le Groninger Museum lui consacre sa première grande exposition. Aujourd’hui, Iris Van Herpen est reconnue à l’échelle internationale comme étant l’une des créatrices de mode les plus remarquées et les plus surprenantes de sa génération.

expo_mad_iris-van_herpen_.robe_et_coiffe_frozen_falls_2018_photo_fred_blanc Robe et coiffe Frozen falls, collection Syntopia 2018

Célébrant son approche unique, cette rétrospective, qui s’articule autour de neuf thématiques recense l’essence même de son travail fusionnant mode, art contemporain, design et sciences.

Le thème de l’eau et les origines du vivant, omniprésents dans l’œuvre de la créatrice, inaugure le parcours. Sa dernière collection Carte Blanche, mise à l’honneur dans cet espace en dialogue avec l’œuvre Origins de David Spriggs, invite le visiteur à se plonger dans l’univers aquatique de la créatrice. L’eau est aussi abordée à l’échelle de l’immensité de l’océan avec la vague du Collectif Mé, ou encore avec les œuvres de Ernst Haeckel, de Léopold et Rudolf Blaschka, de Ren Ri et de Tomás Libertiny, de Rogan Brown.

expo_iris_van_herpen_mad_robe_water_et_geodesic_dome_photo_fred_blanc Robe Water, projet spécial 2010 et robe Geodesic Dome, collection Lucid, 2016

expo_iris_van_herpen_mad_collection_sensory_seas_photo_fred_blanc Collection Sensory Seas, 2020

expo_iris-Van_herpen_bustier_arachne_collection_meta_morphis_2022_photo_fred_blanc Bustier Arachné collection Meta Morphism, 2022

Le Thème du squelette est inauguré par la robe Skeleton faisant écho au squelette hybride d’une œuvre de l’artiste japonais Heishiro Ishino. La place du corps est évoquée au cœur de réseaux organiques et architecturaux représentés par une robe, métaphore d’une cathédrale gothique, mais aussi par le Gotihic cabinet de Ferruccio Laviani ou encore par un documentaire de Yann Arthus-Bertrand et Michael Pitiot Terra, engagé sur la défense du vivant et les interconnexions de ses écosystèmes.

expo_iris_van_herpen_mad_robe_skeleton_2011_photo_fred_blanc Sculpture Courtney Mattison, 2019. Robe Skeleton collection Capriole, 2011

expo_iris_van_herpen_mad_ensemble_crystallization_robe_cathedral_photo_fred_blanc Ensemble Crystallization, collection Crystallization, 2010 et robe Cathedral collection Micro, 2012. Meuble Ferruccio Laviani, 2022

expo_iris_van_herpen_robe_futurama_collection_meta_mophism_courtesy_fred_blanc Robe Futurama collection Meta Mophism, 2022

Puis, le visiteur est invité à sortir de la dimension physique du corps pour explorer le monde du sensoriel, avec notamment des photographies de Tim Walker, une œuvre de Matthew Harrison ou encore une spectaculaire projection de Renaissance Dream de l’artiste Refik Anadol. Enfin, les ténèbres de la mythologie autour du thème de la méduse dialoguent avec les œuvres de Kate MccGwire, d’EcoLogicStudio, Damien Hirst ou encore une armure de Samouraï. Une installation de Casey Curran propose une réflexion sur la place et le devenir physique et spirituel de l’être humain.

expo_iris_van_herpen_collection_meta_morphism_colelction_roots_of_rebirth_courtesy_fred_blanc Robe Ovidius et robe Ars Amatoria collection Meta Morphism, 2022. Robe Entangled Life collection Roots of Rebirth, 2021

expo_iris_van_herpen_mad_robe_organicism_robe_epicycle_robe_decrypt_dust_courtesy_fred_blanc Robe Organism collection Sensory Seas, 2020. Robe Epicucle collection Hypnosis, 2019 et robe kimono Decrypt Dust, 2028.

expo_iris_van_herpen_mad_robe_et_cape_Hypnosis_courtesy_fred_blanc Robe et cape Hypnosis, collection Hypnosis, 2019

L’exposition s’achève sur une présentation des œuvres d’Iris Van Herpen comme projetées dans un immense cosmos. Ses robes y sont présentées dans une danse du ciel, des corps flottant dans l’espace et le temps. Les œuvres photographiques de l’artiste Kim Keever, mais aussi des prises de vue de nébuleuses appellent à s’élever pour ressentir le monde de manière plus holistique.

expo_iris_van_herpen_mad_courtesy_fred_blanc

Trois espaces viennent compléter le parcours avec une évocation de l’atelier de la créatrice, un cabinet de curiosités présentant ses accessoires (chaussures, masques et éléments de coiffures) en regard d’éléments des sciences naturelles et de vidéos et une salle permettant de donner place au corps vivant et en mouvement à travers des vidéos des défilés.

expo_iris_van_herpen_Mad_robe_2023_courtesy_fred_blanc Robe 2013

expo_iris_van_herpen_mad_bijoux_de_visages_2020_coiffe_coenesthesia_2018_photo_fred_blanc Coiffe Coenesthesia, 2018. Masque Cross Pollination collection Synesthesia, 2011 et bijou de visage Aiquoarea collection Sensory Seas, 2020

expo_iris-van_herpen_mad_combinaison_singularity-collection_meta_morphism_2022_photo_fred_blanc Combinaison Singularity collection Meta Morphism, 2022

 L’inauguration au sein du Musée des Arts Décoratifs le 28 novembre, a été organisée sous le haut patronage de la Reine Máxima des Pays-Bas et de Brigitte Macron.

iris_van_herpen_reine_maxima_brigitte_macron_photo_saywho_par_michael_huard_courtesy_mad Iris Van Herpen, la Reine Máxima des Pays-Bas et Brigitte Macron

L’exposition est présentée dans les galeries de la mode Christine & Stephen A.Schwarzman dont le commissariat est assuré par Cloé Pitiot, conservatrice, et Louise Curtis, assistante de conservation, dans une scénographie signée par le Studio Nathalie Crinière. Le parcours est accompagné d’une composition sonore créée par Salvador Breed, qui vient interpeller les sens pour une immersion totale dans le monde d’Iris Van Herpen.

expo_iris_van_herpen_mad_sensorama_collection_architectonics_2023_photo_fred_blanc Robe Sensorama collection Architectonics, 2023

Exposition : Iris Van Herpen, Sculpting the Senses : du 29 novembre 2023 au 28 avril 2024

Musée des Art Décoratifs : 107 rue de Rivoli, Paris 1er

Du mardi au dimanche de 11h à 18h

Nocturne le jeudi jusqu’à 21h.

Plus de renseignement sur le madparis.fr

 

Frédéric Blanc

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

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