En marge du calendrier officiel de la Paris Fashion Week Automne-Hiver 18-19

By on 11/04/2018

Si la Fédération de la Haute Couture et de la Mode organise un calendrier officiel, regroupant les marques adhérentes à l’organisme, pour l’organisation des fashion weeks, de nombreuses autres marques profitent de ces semaines, pour se greffer à ce planning afin de présenter leurs créations aux côtés des grands noms reconnus. La Paris Fashion Week Automne-hiver n’a pas failli à cette habitude, ce qui a permis de faire découvrir de nouvelles marques ou d’autres, déjà connues, mais toujours présentes, en marge de ce calendrier.

 

Depuis 2014, Kristina Fidelskaya a lancé sa marque éponyme, afin de répondre à sa volonté de porter une mode qui lui ressemble. Élevée par une mère qui lui confectionnait ses propres vêtements, il lui a paru évident, après ses études à ESMOD Dubaï, d’imaginer ses propres collections inspirées par l’idée de l’élégance contemporaine et de la féminité. Son style reconnu aujourd’hui à travers le monde lui permet d’élargir son prêt-à-porter avec des chaussures, des bijoux, des sacs et des parfums.

Son inspiration pour l’automne-hiver prend sa source dans l’androgynie, en référence à Bowie. Elle reprend également l’élégance des Parisiennes des années 90, en clin d’œil aux carrures à la « Montana ». Fidèle à son style, elle revisite ses grands classiques comme la robe-manteau KF et s’amuse à jouer les contrastes en mélangeant les matières souples et rigides démontrant ainsi les différentes facettes de la femme au travers du vêtement.

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Après avoir travaillé comme directrice de la mode pour le multimarque United Arrows au Japon, puis responsable de ses cinq propres boutiques SecretClosed à Tokyo, Keiko Onose a souhaité s’investir encore plus dans le secteur du prêt-à-porter, en proposant sa propre vision de la mode, au travers de sa marque Cyclas. Après un premier défilé à Paris en 2016, le nom se retrouve immédiatement référencé à New York chez Bergdorf Goodman, ainsi que dans de nombreux détaillants au Japon et dans le monde.

Ici la mode ne se veut pas révolutionnaire, mais élégante, elle est réalisée dans des matières haut de gamme où le style japonais transperce par le raffinement extrême des détails. Les silhouettes sont épurées, modernes et intemporelles.

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Nobieh Talaei pour Nobi Talai est devenue une habituée des podiums parisiens. Telle une architecte, elle imagine des tenues structurées dans les plus belles matières naturelles, à destination de femmes cosmopolites, esthètes en mode. À fortes personnalités, ses créations ont l’élégance intemporelle des tenues de luxe. Souvent monochromes, ses looks prennent du relief grâce à des jeux de superpositions où les différentes matières jouent les contrastes.

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Le label berlinois Dumitrascu aime plonger ses invités dans une atmosphère. Loin d’un défilé classique, c’est un happening qui a été proposé dans un appartement bourgeois, parisien, richement décoré, contrastant avec une ambiance irréelle, à la limite de la folie, embrumée d’encens et de fumée. En évoluant au sein de cet espace mystérieux, les invités ont découvert un joueur d’accordéon dans la salle de bain, une joueuse d’alto dans une chambre à coucher, des diseuses de bonne aventure dans le salon…, avant de découvrir la collection inspirée de la « haute » culture et de la « rave », le label unisexe aimant mettre en avant l’aspect culturel et performatif du vêtement. Les coupes classiques du costume masculin s’affrontent avec des matières sportives ultras high-tech, pour un mixe parfait entre utilitaire et couture.

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Ottolinger par Christa Bösch et Cosima Gadient a présenté sa cinquième collection dans le respect de ses recherches expérimentales sur les formes et les tissus. Le duo introduit cette saison des matières inédites et de nouveaux collaborateurs pour un résultat très moderne, en parfaite adéquation avec les tendances actuelles où les styles s’entremêlent. On y retrouve diverses influences comme les vêtements de ski classiques, des bijoux ornementaux, des pantalons cargo, déclinés dans des matériaux tels que le velours côtelé, le faux cuir, le plastique, le denim, la fausse fourrure…

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Neith Nyer est un habitué de la Paris Fashion week. S’il a présenté une fois à l’incubateur Designer Apartment, il est depuis retourné à des défilés plus confidentiels, en marge du calendrier officiel, qui sont cependant de plus en plus suivis par la presse branchée, qui voit en lui, un des créatifs, les plus incontournables de la mode d’aujourd’hui.

Francisco Terra s’inspire de ses origines brésiliennes et plus particulièrement des fêtes où participaient ses parents, à la fin des années 80, dans lesquelles repousser les limites de la mode était une mission à l’image d’un « Bal du Mauvais Goût ». Il y mixe un souvenir de l’imagerie de la petite sirène, tout en y additionnant la technique des couturières qui reprennent les vêtements trop grands, en laissant de larges bandes de tissus dépasser des coutures, ce qui donne un twist excessif faisant référence aux volants.

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La jeune créatrice Armine Ohanyan a présenté sa troisième collection prêt-à-couture baptisée « Racine », a travers une performance inspirée par la nature. Fidèle à sa passion pour la couture et les nouvelles technologies, elle imagine des tenues pour la garde-robe des deux sexes, au travers de 7 looks masculins et 7 looks féminins, dans lesquels l’image de la nature rencontre le 3D. En effet, on découvre une évocation du monde végétal et sauvage s’associant aux couleurs chatoyantes des fleurs d’automne entremêlées d’imprimés de racines rehaussés par des reliefs réalisés grâce au talent du Maître plisseur Karen Grigorian. Les impressions 3D, les jeux d’imprimés et de transparences viennent enrichir l’ensemble.

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Situationist est un label géorgien dirigé par Irakli Rusadze. Il rassemble plusieurs artistes d’avant-garde représentant la jeunesse créative de la Géorgie indépendante, redéfinissant ainsi les fondements de l’art géorgien du XXIe siècle. Le nom Situationist prend sa source dans un groupe de rebelles sociaux politiques et artistiques du milieu du XXe siècle.

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Le Studio Pierre a été fondé à Paris en 2017 par Tina Pierre et Thomas Bellegro. Rencontrés sur les bancs de l’école de design en 2010, les deux designers, après un coup de cœur amical, ont souhaité mettre en commun leur fantasme d’une mode libre, sans contrainte de genre, pour imaginer la garde-robe de l’humain bien dans son époque. Très inspirée par l’art, le rétro kitsch et l’esthétique cinématographique, la maison se positionne comme une valeur sûre pour les adeptes du gender fluide, comme l’explique Tina : « les vêtements se font écho et les détails sont interchangeables. Le genre s’affirme, tandis que les codes disparaissent ».

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Tsumori Chisato a profité de la semaine pour fêter ses 25 ans de mode. Toujours hors de tendances, la créatrice japonaise aime créer et imposer son style à des femmes indépendantes, festives souhaitant utiliser la mode comme moyen d’expression sans préjugés, en démontrant ainsi leur ouverture d’esprit au monde. Chaque collection étant un voyage au cœur des passions de Tsumori, c’est au Guatémala qu’elle nous emporte avec un vestiaire haut en couleur dans lequel on retrouve un festival de tons survitaminés, des mélanges au premier abord improbables, mais qui sous son influence prennent tous leurs sens. En totale adéquation avec l’esprit de la collection, le défilé a été mis en scène dans un décor animé avec en toile de fond un film tourné sur un marché au Guatémala.

 

La marque allemande Escada a présenté son style revu et corrigé par le talent artistique du jeune Niall Sloan. Résolument beaucoup plus modernes, les propositions reprennent les fondamentaux de la Maison twistés d’un vent de modernité pour une garde-robe d’hiver urbaine très colorée. Dans une volonté de perdurer l’ADN, on retrouve ici et là le logo, le nom de marque en imprimé ainsi que le cœur, cher à la fondatrice Margaretha Ley.

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Yves Salomon, le spécialiste de la fourrure, a réussi depuis son arrivée en 1972 à la tête de la maison familiale, a faire évoluer le nom de façon à le faire perdurer en innovant sans cesse tout en s’appuyant sur un savoir-faire extraordinaire.

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En plus de la collection classique, dans laquelle il démontre la modernité de la fourrure, il imagine deux collaborations pour passer un hiver au chaud.

Une avec la journaliste Alexandra Golovanoff, à la tête de Tricots Parisiens, sa marque de pulls en cachemire. Ils combinent leur savoir-faire pour une capsule de tricots de luxe avec des détails de fourrure.

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La seconde avec l’incontournable chausseur des montagnes : Moon Boot. Cette ligne d’après-ski, grand luxe, est enrichie de peau lainée, ou de fourrure. Elle combine technicité, raffinement et modernité.

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Ces deux collaborations seront disponibles dans les boutiques yves salomon ainsi que sur l’eshop dès le mois d’octobre 2018.

Enfin, pour répondre à la nouvelle tendance éthique, la maison édite la ligne PIECES, entièrement réalisée dans des chutes de fourrures invendues, parfois portées mais en parfait état. On y trouve des blousons, des manteaux courts ou longs déclinés dans des tons unis ou de couleurs dont la spécificité est de ne proposer que des pièces uniques ou déclinables sur commande uniquement.

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Frédéric Blanc

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

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