Haute couture printemps-été 2022

By on 01/02/2022

Présente sur quatre jours, la Paris Fashion Week Haute Couture a réussi le pari, malgré les contraintes des conditions sanitaires, de proposer de nombreux shows, après deux premières journées riches en défilés, la troisième et la quatrième ont également permis d’assister à neuf défilés.

 

Pour commencer cette troisième journée, direction le Westin pour une chasse au trésor organisée par le couturier libanais Zuhair Murad, qui revisite le dressing des pirates pour imaginer des robes du soir à la fois élégantes, sexy et non dénuées d’humour. Les clins d’œil au monde de la piraterie se retrouvent un peu partout, à l’image du premier tailleur, entièrement brodé de pierreries et de chaines, qui transforme la femme en véritable « île au trésor ». Les détails de cordage des bateaux deviennent parures précieuses, tout comme les ceinturons en cuir, les tricornes et les bandeaux.

Si le couturier se concentre sur le soir, il ne se limite pas pour autant aux grandes robes de bal, il propose également des robes courtes, des ensembles short, des bodys brodés à l’extrême et surtout ses célèbres robes semi-transparentes dévoilant le corps sans pour autant tout montrer.

Avec cette collection, Zuhair affirme sa différence sur les autres couturiers libanais en proposant des robes au style affirmé.

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Depuis le départ de Jean Paul Gaultier de sa propre maison, la nouvelle direction a choisi d’instaurer un système de création inédit, en invitant à chaque collection couture un directeur artistique différent. Après Chitose Abe de Sacai la saison passée, c’est au tour de Glenn Martens de réinterpréter le style Gaultier. Plus proche de l’univers du grand couturier que sa prédécesseuse, ce dernier s’est intéressé aux pièces signatures de la maison. On y retrouve la lingerie, l’androgynie, la culture française, les pulls irlandais et les graphismes géométriques. Le designer réalise ici une collection hommage au grand couturier, si le style est indéniablement présent, il manque néanmoins le grain de folie de Jean Paul Gaultier qui faisait de chacune de ses collections un moment suspendu dans le temps.

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Après deux ans d’absence, la créatrice Celia Kritharioti a profité de la semaine de la haute couture pour venir présenter 60 modèles. Peu connue du marché français, cette dernière est pourtant à la tête de la plus ancienne maison de couture grecque, fondée en 1906.

Baptisée « City of Lights », sa collection toute en couleurs se veut optimiste en rendant hommage à la vie, devenue morose ces dernières années. Fidèle à la culture hellénique imposant de s’habiller pour sortir, la créatrice se focalise sur des tenues élégantes destinées à des femmes qui souhaitent être remarquées sur leur passage. Très prisées par la clientèle grecque, les robes laissant la part belle aux corps s’opposent à de grandes robes de bal déclinées dans une gamme de couleurs des plus flashy.

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À l’opposé de cette overdose de couleurs, la créatrice espagnole Juana Martin, a proposé une collection uniquement composée de noir et de blanc, rehaussée de broderies argent. Pour ce défilé elle s’inspire de ses origines andalouses pour imaginer un dressing basé sur l’univers du flamenco. Les volumes sont généreux, exagérés et s’opposent à des coupes près du corps donnant ainsi aux silhouettes une modernité très rock.

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Juana_Martin_SS_Couture_2022_courtesy_Juna_Martin

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Au dernier de la semaine, on retrouve :

Le japonais Yuima Nakazato, qui revisite les codes de la haute couture, en proposant des pièces faites main à porter au quotidien à l’image d’un prêt-à-porter de luxe. Loin des codes classiques de la couture, le designer nous entraine cette fois-ci dans le monde des gothiques où le genre est effacé. Les volumes des tenues s’inspirent de vêtements traditionnels nippons mixés à des coupes classiques dans lesquelles le noir rencontre des couleurs vives et les motifs psychédéliques.

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Fendi Couture a vu les choses en grand pour son défilé en élisant domicile à l’ancienne Bourse de Paris. La maison a fait transformer les lieux grâce à des faisceaux lumineux en Palais mystérieux afin de reconstruire une structure proche du style du Palazzo della Civiltà, siège de Fendi à Rome. Pour sa quatrième collection haute couture, Kim Jones a souhaité revisiter les grands classiques du soir. Mis à part quelques modèles courts, l’ensemble donne une impression de lourdeur qui fait davantage penser à des pièces hivernales que destinées à l’été.

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Imane Ayissi continue de son côté à explorer sa vision de la mode, partagée entre ses racines africaines et son pays d’adoption, la France. Baptisée « Foufoullou » sa collection puise son origine dans ce nom signifiant à la fois « mélangé » et « ensemble » dans la langue Ewondo du Cameroun. Volontairement joyeuses, les tenues inspirent la fête dans une mixité totale entre Afrique et Occident. On retrouve un jeu entre la générosité des coupes au carré, inspirées du boubou, l’ampleur et le volume associés à la prestance du statut social en Afrique et l’énergie de la coupe occidentale, le tailoring et les coupes structurées qui redessinent le corps. En total accord avec l’esprit de la collection le couturier mixe le travail des artisans d’Afrique (les teinturiers du Nigeria, les tisserands du Ghana et du Cameroun, le raphia de Madagascar), à l’excellence des fournisseurs français et italiens avec des soies ou de la dentelle, mais également avec des matières écologiques comme un jersey en bambou. Les broderies et le raphia, appliqué brin par brin, sont réalisés dans l’atelier d’Imane Ayissi à Paris.

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IMANE_AYISSI_Couture_Spring-Summer_2022_©_Fabrice_Malard_Courtesy_Imane_Ayissi

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Enfin pour clôturer cette édition printemps-été 2022, direction l’ambassade de Russie en France pour découvrir les créations de Yanina couture, nouvelle invitée à présenter au calendrier officiel de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode. La surprise fut de taille dès la sortie du premier modèle avec une micro-robe assortie d’une cape rainbow.

Visiblement trop privée de fêtes, la créatrice russe exprime à travers ses créations son envie de gaîté et de liberté en revisitant des imprimés phares et les coupes des années 70. Au final, la surabondance de couleurs, de broderies, de motifs, de volumes n’a pas eu l’effet escompté et tourne vite à l’overdose. Heureusement, elle conclut son défilé par ses robes signatures, dans lesquelles le tulle brodé de cristaux habille le corps de la femme d’un voile aérien raffiné.

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Yanina_Couture_SS_2022_Courtesy_Yanina_Couture

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Ont défilé également cette semaine : Maison Rabih Kayrouz, Chanel, Valentino, Elie Saab et Viktor&Rolf.

Frédéric Blanc

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

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