Victoria/Tomas ferme son label de prêt-à-porter

By on 26/06/2024

En pleine crise économique, l’industrie de la mode ne cesse de perdre de grands noms réputés. Si jusqu’à maintenant, on entendait plutôt parler de marques grand public ou de milieu de gamme comme Camaïeu, Pimkie, Cop.Copine, San Marina, Kookaï et bien d’autres, c’est au tour du duo de créateurs Victoria Feldman Berzins et Tomas Berzins, de tirer sa révérence en mettant fin à leur marque Victoria/Tomas.

 

D’après Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire de l’Institut Économique Français de la Mode, le secteur des marques moyenne gamme se porte très mal, face à la concurrence féroce des mastodontes comme Zara et H&M qui se sont imposés sur ce secteur en prenant de nombreuses parts de marché.

Si ce phénomène n’est pourtant pas nouveau, c’est après la pandémie de la Covid que les choses se sont aggravées avec l’arrivée de l’inflation, qui a provoqué une hausse des prix. Les consommateurs ont depuis cette période revu leur façon de consommer et c’est le secteur de la mode qui en paye les frais, avec une baisse significative des ventes. Ce phénomène s’amplifie aujourd’hui avec l’arrivée du géant Shein, dont le positionnement bas de gamme principalement composé de copies satisfait une clientèle à la recherche de pièces stylées à bas prix.

S’il est vrai qu’on ne parle pas souvent des marques de créateurs qui disparaissent, celle de Victoria Feldman Berzins et Tomas Berzins a de quoi marquer les esprits.

Apparue en 2012, Victoria/Tomas est finaliste du Festival de Hyères en 2013. Soutenu par la Fédération de Haute Couture et de la Mode, le label intègre le showroom Designers Apartment (ex-Sphère) en 2015 et entame une belle carrière auprès des acheteurs et de la presse, qui soutiennent les créations du couple passionné, imaginant une mode qui leur correspond et qui s’adresse à la nouvelle génération.

A l’écoute des attentes des consommateurs, au fur et à mesure des années, Victoria/Tomas s’ouvre à la mode masculine, avec des modèles non genrés et inclusifs tout en gardant son style propre.

Toujours présent lors des Fashion Week Parisiennes, le couple a présenté sa vision de l’hiver 2024-25, en février dernier avec sa collection « Le Baiser ». C’est en découvrant l’œuvre de Rodin que le couple décide de transposer les mouvements taillés dans le marbre par le sculpteur dans leurs créations.

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Malheureusement, cette collection sera leur dernière dans un monde où même le made in France, voire made in Paris, et la créativité ne suffisent plus pour maintenir une marque à flot dans un marché où les points de vente se raréfient.

Alors que les grands magasins ne proposent plus que le concept du shop in shop, où les marques investissent leurs propres espaces pour monter leurs concepts à leurs frais et que les dernières boutiques multimarques deviennent de plus en plus frileuses à acheter des marques confidentielles au profit de collections de noms à forts pouvoirs publicitaires, il ne reste que peu de place pour les autres.

Si la marque ferme ses portes aujourd’hui, Victoria et Tomas souhaitent poursuivre leurs activités de designers au travers de différentes collaborations, comme ils l’ont fait depuis plusieurs années pour leur marque avec la lingerie Chantelle ou les parfums Caron.

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Nous espérons entendre rapidement parler de ces deux créatifs à l’esprit débordant d’idées.

 

Frédéric Blanc

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

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