LA SERIE N° 21, La Parisienne par Valentine Gauthier

By on 06/11/2019

VALENTINE_GAUTHIER Depuis 2007, Valentine Gauthier impose sa vision de la mode avec un prêt-à-porter de caractère, mixant les codes de la féminité à ceux du vestiaire masculin.
Gagnante du Festival International des Jeunes Créateurs de Mode de Dinard en 2006, elle fait partie des stylistes qui ont conquis le monde de la mode ainsi que le cœur des clientes adeptes de son style affirmé.

 

En parfaite représentante des marques favorites des Parisiennes, LA SERIE N° 21 a souhaité mettre en lumière les créations de Valentine Gauthier dans son univers, situé dans le haut Marais. Installé depuis 2018, boulevard Beaumarchais, son flagship propose son prêt-à-porter et des collections de design, destinées à l’univers de la maison.

Avec une enfance dans le monde de la course automobile, d’où te vient cette passion pour la mode ?

J’ai grandi sur le plateau du Castelet, à côté du circuit Paul Ricard. Mon père était pilote d’essai et metteur au point sur les formules 1 à la grande époque des courses automobiles. Ma mère quant à elle y travaillait pour l’école de pilotage anglaise, Winfield. C’était l’Âge d’or du sport automobile, une de mes nombreuses sources d’inspiration. J’aime confronter le workwear comme les combinaisons de coureurs à la féminité exacerbée de compagnes de pilotes postées derrière les barrières de sécurité. C’était une période ou tout était permis avec un gout du risque et de liberté.

 

Fidèle à ton style depuis la création de ta marque, comment définis-tu l’esprit de ta marque ?

Mon obsession : créer un vestiaire désirable et juste, des vêtements que l’on a envie de porter et d’associer au gré de ses envies sans subir les dictats obsolètes d’une certaine vision de la mode. Le vêtement représente l’identité, mon travail consiste à élaborer des pièces de différentes influences et bousculer une certaine littéralité. Chaque femme est unique et multiple. Un bleu de travail, une blouse féminine fleurie et une veste de tailleur se mélangent sans oppositions et apportent la juste dose de cool.

J’aime le « craft style » comme l’ultra féminin, les jeux d’opposition, le brut des matières ouvrières, le flou et les transparences de soies, à twister par des pièces référentes au vestiaire masculin ou military comme des vêtements aux influences plus street. Les imprimés réalisés au sein de mon studio de création équilibrent les couleurs pleines, sourdes ou franches.

C’est un vestiaire complet, au style affirmé et portable. L’idée est d’accompagner les femmes dans leurs journées intenses et variées en fonction de leur identité et besoin en respectant l’idée de confort. Toutes les pièces, qui composent le vestiaire, sont créées autour de matières de qualité, choisies pour leur valeur naturelle, recyclée ou durable, de manufacture italienne, française comme anglaise. Les pièces sont de fabrication européenne en France, Hongrie, Portugal ou Espagne dans des ateliers spécialistes partenaires. Une collection capsule a été dessinée pour l’été prochain autour du coton organique et du travail de broderie en Inde par une entreprise tenue par une femme investie auprès d’associations locales dans l’aide aux enfants démunis et déficients visuels. L’objectif est de contribuer à ces actions locales dans ce pays ou l’action est urgente. Les Jeans sont confectionnés chez l’un des derniers fabricants de denim en région Parisienne. Mon compagnon Arnaud, produit les souliers de la collection en Espagne. Je les dessine et il les fait réaliser dans l’atelier de confection familiale.

Parce que nous sommes fières de travailler ainsi et pour des questions de transparence, nous indiquons l’origine du tissu et du pays de fabrication sur les fiches produits de nos articles sur notre e-commerce.

 

On dit souvent de tes créations qu’elles reflètent le style de la Parisienne. Es-tu d’accord avec cette définition ?

Le style de la Parisienne se définit par son côté effortless, elle est naturelle tout en étant affirmée. Un chic-décontracté qui permet d’assurer sa journée comme ses soirées sans le besoin de se changer. La Parisienne a une vie intense, il faut donc que ce soit pratique. Mon style est Parisien suite à cette définition, mais finalement ce style convient à toutes les femmes actives dans le monde, il permet de se sentir plus libre sans tomber dans l’ultra basic ou le too much.

Savoir twister ses intemporels, y apporter sa personnalité et son humeur du jour est mon challenge.

 

Qu’est-ce qui t’inspire pour imaginer tes collections ?

La rue, mes envies, j’essaie de suivre au maximum mon intuition et d’écouter la société.

Des femmes m’inspirent comme Georgia O’Keeffe, Patty Smith, Anita Molinero, Esther Ferrer, Jenny Holzer.

J’aime le brutalisme, les cultures lointaines, la légèreté des années 70, la rébellion des 80 et le négligé des 90.

 

On retrouve beaucoup d’inspirations masculines dans tes propositions, as tu déjà songé à imaginer une ligne homme ?

Beaucoup d’hommes me le demandent. Certains en portent déjà en s’habillant dans les grandes tailles, sinon il nous arrive de faire des pièces sur commandes. Pour le moment je me concentre sur mon nouveau projet de lifestyle, ce qui ne nous empêchera pas de proposer des capsules hommes à terme. L’objectif n’est certainement pas de proposer une énième marque, mais plutôt d’utiliser nos stocks de tissus pour créer de nouvelles pièces maison, femme ou homme en éditions limitées.

 

Le monde de la mode se tourne vers des créations plus éthiques. Que penses-tu de ce phénomène ?

Avant de faire des vêtements, je faisais des études de Géo-ethnologie, sédimentation et climatologie, je me destinais à devenir ingénieur en écologie. C’était le début de ce type de cursus. Il m’a donc semblé évident de travailler avec conscience. Réfléchir à notre impact et choisir les bonnes matières comme les bons partenaires dans une démarche durable me semblait n’être que du bon sens. Nous passons 50% de plus en temps de travail à essayer de contrôler les provenances. Les collections sont donc raisonnables en nombre de pièces et nous ne produisons pas en masse. Cela nous permet d’avoir une grande visibilité sur notre chaine de fabrication. Nous avons différents types de pièces dans notre vestiaire, il faut donc s’assurer que chacune d’entre elles répond bien à nos critères. C’est un travail ardu et lutter contre l’opacité prend beaucoup d’énergie. Avec le temps, nous avons réussi à mettre en place des relations de confiance avec nos fournisseurs et ils connaissent nos exigences. Cela ne nous empêche pas de rester vigilantes à chacune des étapes.

 

En plus des vêtements, tu proposes maintenant une ligne de chaussures, imaginée en collaboration avec ton compagnon, comptes-tu ajouter d’autres lignes à tes créations ?

Les chaussures sont dans mon vestiaire depuis les débuts. Initialement nous les faisions réaliser par la botte Gardiane.

Mon compagnon fabrique la ligne de chaussures depuis 8 ans et les réalise de façon traditionnelle, propre au soulier masculin dans le montage. Chacune de nos chaussures est cousue sur une semelle cuir en tannage végétal. Nous avons travaillé ensemble sur la notion de confort et de souplesse, mais en respectant le besoin essentiel de longévité propre aux souliers masculins de qualité.

 

Grande amatrice de design, ton nouvel espace Craft propose de faire découvrir au grand public des créations d’artistes, artisans et amis. De ton côté imagines-tu également des objets du quotidien ?

Nous créons des pièces textiles à partir de nos stocks restants de tissus de collections. Ces Pièces sont réalisées dans notre atelier situé au-dessus de nos boutiques. Mon compagnon réalise également des tables et du mobilier que nous prenons plaisir à faire en famille lors de nos rares temps libres.

 

En plus de tes deux boutiques, mode et déco, tu ouvres aujourd’hui ton « appartement », peux-tu nous en dire plus sur la vocation de cet espace qui reflète ta personnalité ?

Pensé comme un lieu de vie et de création, l’appartement est un espace défini par un certain art de vivre où l’on peut y découvrir du mobilier dessiné et réalisé spécialement pour l’espace, la table basse dessinée par une amie, les photographies et céramiques d’artistes qui me sont chers, le vestiaire iconique intemporel ainsi que les collaborations actuelles et à venir.

Nous y organisons également des diners dont le prochain aura lieu le 5 décembre en collaboration avec « les merveilles ».

Généralement réservé aux professionnels, l’appartement est ouvert au public sur rendez-vous.

 

Grande gagnante du Festival International des Jeunes Créateurs de Mode de Dinard en 2006, tu lances ta marque éponyme dans la foulée et ouvres ta première boutique deux ans plus tard, ta carrière a démarré de façon fulgurante. Quels conseils pourrais-tu donner à des jeunes designers qui souhaitent créer leurs marques ?

De bien s’entourer, d’être courageux et volontaires. Il faut savoir pourquoi on se bat tous les jours et se connaître parfaitement. Savoir écouter son intuition et garder le cape malgré les avis divergents.

Il est grand temps que les faiseurs de vêtements et designers prennent la pleine conscience des changements radicaux qui s’opèrent dans le monde et la nature. Nous devons tous nous retrouver pour penser et mettre en œuvre des actions efficaces à court terme dans les modes de fabrications, de la matière première jusqu’à la mise en boutique. Cela vaut pour tous les domaines et c’est le client final qui pourra permettre d’opérer ces changements en consommant moins, mais mieux.

Nous devons sortir d’une certaine consommation trop « jetable ». Collaborer avec de jolies maisons dont le savoir-faire est une richesse et un gage de qualité. Beaucoup de personnes et de nombreux métiers se trouvent derrière l’élaboration d’une pièce, entre fournisseurs de tissus, boutons, ou fermeture, patronnier, coupeur, monteur, filateur, tricoteur, brodeur… nous travaillons en direct avec chacun d’entre eux, et sommes à l’écoute de leur besoin comme de leur expérience. C’est sans aucun doute ce qui rend fascinant ce métier lorsqu’il est fait ainsi. Alors c’est à nous de réinventer le système et de ne pas prendre le chemin de la facilité, cela permet de grandir.

fashion-spider_la_serie_21_valentine_gauthier_ah_2019-20_bijoux_cesaree_photo_valerie_mathilde Chemise ocre « Berry Maize McLaren » et pantalon  assorti « Benksi Maize McLaren », Top marine et ocre « Keziah Baxter »: Valentine Gauthier. Bague : Césarée Paris  

fashion-spider_la_serie_21_valentine_gauthier_ah_2019-20_bijoux_on-aura-tout_vu_photo_valerie_mathilde Robe longue, imprimé fleuris « Andy Mary-Jane Crinkle » et boots: Valentine Gauthier. Bijoux :  On Aura Tout Vu

fashion-spider_la_serie_21_valentine_gauthier_ah_2019-20_bijoux_on-aura-tout_vu_paris_photo_valerie_mathilde Manteau long bordeaux « Clyde Gambino » sur robe « Andy Mary-Jane Crinkle »: Valentine Gauthier. Bijoux: On Aura Tout Vu

fashion-spider_la_serie_21_valentine_gauthier_ah_19-20_bijoux_on-aura-tout_vu_photo_valerie_mathilde Chemise bleu « Zeppelin Airforce milleraies » , jupe assortie « Willie Airforce milleraies », ceinture en cuir double boucles et boots: Valentine Gauthier. Bijoux: On Aura Tout Vu 

fashion-spider_la_serie_21_valentine_gauthier_ah_2019-20_bijoux_darsala_photo_valerie_mathilde Veste « Iowa Nodo Bicolor » et Jupe mini « Izia Nodo Bicolor », Pull bordeaux « Picasso Hot Wine »: Valentine Gauthier. Bague: Darsala. Collants: U Collection

fashion-spider_la_serie_21_valentine_gauthier_ah_2019-20_bijoux_cesaree_paris_photo_valerie_mathilde Peau Lainé bi-color « Earhartt Camel » sur pull bleu « Picasso Blu, Jean bi-color « Alfred Raw Denim » et snow boots : Valentine Gauthier. Bague: Césarée Paris

fashion-spider_la_serie_21_valentine_gauthier_ah_19-20_bijoux_on-aura_tout_vu_photo_valerie_mathilde Costume gris tissu prince de galles « Morisson Erix » sur chemise blanche et boots: Valentine Gauthier. Collant U Collection. Bijoux: On Aura Tout Vu

fashion-spider_la_serie_21_valentine_gauthier_ah_19-20_bijoux_on-aura_tout-vu_paris_photo_valerie_mathilde Robe lamée « Vivivenne Abby Metallic »: Valentine Gauthier. Bijoux: On Aura Tout Vu 

 

Photo : Valérie Mathilde

Assistante photo : Alexandra Rivet

Stylisme : Frédéric Blanc

Maquillage : Sandrine Bo

Coiffure : Alexis Mercier avec les produits AVEDA.

Assistante style et making of : Olesya Okuneva

Modèle : Jess chez Up Models

Retouche : omstylestudio

Production : Fashion-Spider

Merci à Valentine Gauthier et à toute son équipe

Boutique Valentine Gauthier : 88 boulevard Beaumarchais, Paris 11.

01 75 57 14 33

 

Frédéric Blanc

About Fred

Frédéric Blanc, styliste photo, attaché de presse et fashion éditor de Fashion-spider, le magazine spécialisé mode et beauté, fait partie des figures incontournables de Paris.

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